De quoi meurt-on à Lubumbashi ces jours-ci ?

Article : De quoi meurt-on à Lubumbashi ces jours-ci ?
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22 juin 2020

De quoi meurt-on à Lubumbashi ces jours-ci ?

A l’heure où la Covid-19 se manifeste à Lubumbashi, les habitants de cette ville sont partagés entre le déni et les idées reçues qui n’aident pas à une perception correcte de la situation.

Avenue déserte à Lubumbashi lors du confinement
Avenue déserte à Lubumbashi lors du confinement de deux jours, crédit – photo : Alexandre Mulongo

La question vaut son pesant d’or dirait un journaliste lushois de la vieille école, un journaliste de la Radio Télévision Nationale Congolaise qui aurait fait ses classes à l’époque pré-numérique. Elle parait cynique pourtant le sujet est sur toutes les bouches. La hausse du taux de létalité serait provoquée par trois facteurs confus : la Covid-19, le choléra et l’empoisonnement. Dans la plupart des cas de décès recensés, un problème de détresse respiratoire s’est révélé. Un lien direct est établi avec la Covid-19 sans d’autres formes de vérification.

Lubumbashi sous Covid-19

La Covid-19 se vit comme une maladie honteuse, la contracter oblige le malade à l’isolement. Il est désocialisé par sa capacité de contagion. Avoir un proche atteint de la Covid-19 peut engendrer des soupçons de contagion dans son entourage Des hôpitaux refusent de prendre en charge les cas qui présentent une quelconque forme de problème respiratoire.

La surmédiatisation de la dangerosité de la pandémie a joué un rôle très déterminant dans sa perception sociologique. Après un décès par exemple, les familles se sentent dans l’obligation de laver l’image du défunt en imputant la mort à une maladie chronique qui présenterait un visage plus soft. Pourtant dans un cas de comorbidité, le coronavirus intervient comme cet hôte qui donne un coup de grâce à un organisme déjà fragilisé par une maladie chronique. Ce sont les cas les plus sévères recensés dans les tranches d’âge au-delà de la cinquantaine, les cas d’exception ne sont pas à ignorer.

Le déni de l’existence de la Covid-19 est une conséquence de la mauvaise gestion de la crise sanitaire par les autorités gouvernementales. Les tergiversations, les polémiques, les décisions inefficaces et les actions faites dans la demi-mesure ont conduit la population à un manque de confiance. Lorsque les soupçons d’un profit financier sur la pandémie sont apparus dans un pays où les détournements et la corruption sont monnaie courante, la méfiance s’est accrue.

La mauvaise gestion de la communication par ceux qui se vantent être les communicants (terme péjoratif) des autorités a actionné la lame de la guillotine. Les têtes pensantes sont devenues des têtes pressées, servies et dégustées sur les forums des intellectuels à qui les réseaux sociaux ont donné droit au chapitre.

Entre la peste et le choléra : la Covid-19

Le choléra n’est pas venu arranger les choses. Serait-il venu voler la vedette à la Covid-19 ? Dans un décompte macabre, une comparaison lugubre est souvent faite entre les deux maladies. Qui fait le plus de victimes ? En principe, les gestes barrières recommandées pour lutter contre la Covid-19 entre autres le lavage des mains n’aurait pas donné de chance au choléra qualifié de maladie des mains sales.

Il est pourtant là avec son important nombre de décès qui relègue pour l’instant (sur les statistiques officielles) la Covid-19 au rang de « maladie qui fait plus de peur que de mal ». Ceci pourrait encore augmenter la négligence et le déni parmi la population lushoise pour qui le port du masque est obligatoire. Un masque fabriqué de toute sorte de matière dont l’efficacité est sujette à débat.

Le troisième protagoniste

L’empoisonnement, un autre concurrent à la Covid-19 à Lubumbashi. D’où tire-t-on la confirmation des cas d’empoisonnement sans autopsie ni examen de toxicologie ? Elle va du constat de l’état des corps selon les proches des présumées victimes. L’usage du poison est en apprentissage à Lubumbashi. Des vendeurs ambulants seraient des fournisseurs reconnus dans certains milieux pour éliminer en douce un témoin gênant, un concurrent fort ou un partenaire dangereux. Comme à la présidence de la République, plusieurs décès à Lubumbashi porteraient la marque de l’empoisonnement confondue à la Covid-19.

A Lubumbashi mourir de la Covid-19 est plus honteux que de mourir de toute autre maladie. Le deuil d’un défunt mort de la Covid-19 est plus lourd à porter en cette période de pandémie. Les pouvoirs publics et les institutions sanitaires ont encore du mal à endiguer la circulation de fausses informations.

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