Bralima vs Brasimba : relance de la guerre des bières

Article : Bralima vs Brasimba : relance de la guerre des bières
Crédit: Alexandre Mulongo
7 mai 2021

Bralima vs Brasimba : relance de la guerre des bières

Créée en 1923 à Léopoldville (Kinshasa), la Bralima était plus connue à Lubumbashi pour les marques Coca-cola et Fanta produites sous licence de The Coca-Cola Company. Le récent lancement de la production locale des bières Primus et autres boissons alcooliques se bute à la présence de la Brasimba, brasseries existantes dans la région depuis 1925.

Bière Simba

Combat des multinationales de la bière en terre congolaise 

Si la Bralima est une filiale du groupe brassicole néerlandais Heineken, la Brasimba appartient au groupe français Castel. Fort de sa présence sur le marché des limonades à Lubumbashi, Bralima a lancé sa première marque alcoolique Primus avec un battage marketing grandiose. Cadeaux, réduction des prix, sponsoring et publicité ont été les formules employées par les équipes du brasseur. 

La Brasimba qui avait une position de quasi-monopole dans la région s’est sentie bousculer par le nouvel arrivant. Elle a déployé son arsenal marketing en agrandissant son offre avec une large gamme de boissons. En collaboration avec les brasseries Bracongo, ses marques traditionnelles Simba et Tembo sont introduites à Kinshasa sur les terres du siège social de sa concurrente. A son tour, elle a lancé la bière Skol de Bracongo, marque concurrente de la Primus qui se brasse à présent dans des cuves lushoises.

 Goodies de la marque Skol

Dans cette guerre parfumée d’houblon, la Bralima a perdu bien des batailles. Son équilibre qui tenait de la puissante bière brune Turbo King et la bière stout Legend est rompu. La Brasimba l’a suivie sur son terrain en lançant la Doppel Munich et la Guiness, bière brune et bière stout. Elle garde encore quelque chose du prestige de la Heinekein, bière de la Ligue des champions de football européen. Elle est associée à l’une des compétitions de foot préférées des congolais.  

Loin des pratiques controversées révélées dans le livre Heineken en Afrique : multinationale décomplexée du journaliste Olivier van Beemen paru aux éditions Rue de l’échiquier en 2018, la filiale Bralima pense tenir sa revanche.  

La Bralima se lance dans la bataille des lagers 

Pour se donner un avantage supplémentaire sur son adversaire, la Brasimba a sorti une nouvelle marque. Elle était déjà connue des consommateurs kinois. Il y a à peine deux ans, la marque Nkoy des brasseries sœurs Bracongo a débarquée à Lubumbashi sous le nom Chui.  

Nkoy en langue lingala ou Chui en langue swahili, ces noms signifient « léopard ». Ils ramènent à l’identité nationale. Le félin ainsi nommé est l’emblème du pays. Il est l’un des éléments qui constituent les armoiries de la République démocratique du Congo. Cette appropriation qu’on pourrait qualifier de captation n’est pas une première dans ce combat impitoyable que se livrent les brasseurs.

 Mur aux couleurs de la bière Chui

La Bralima s’était donné le plaisir de fabriquer la bière Ntay, « aigle » en langue swahili. Cette marque qui s’identifie comme une bière régionale a été à la base d’une polémique. La reprise du drapeau de la province du Katanga sécessionniste (1960-1963) sur l’étiquette de la bouteille est une provocation qui n’est pas passée inaperçue.  

Bouteilles de N'tay

Le succès de Chui a une fois de plus ébranlé la stratégie de Bralima. Les buveurs fatigués des effets des bières fortes se sont retrouvés dans cette marque légère (lager). Avec ses 3,5% de volume d’alcool, certains vont jusqu’à la comparer à l’eau. Elle est devenue la bière la plus consommée de la région. Une raison valable pour la Bralima d’affuter autrement ses armes. 

Mützig et Ntay sont les deux marques au cœur de la nouvelle stratégie de Bralima. Les deux bières blondes représentent bien la filiale d’Heineken à Lubumbashi. Pour batailler sur le terrain de Chui, les lushois ont vu naître deux bières à fermentation basse. Les 5% de volume d’alcool de Mützig et Ntay ont été réduits à 3,5% pour produire respectivement les marques Class et Teke Teke (léger, facile, en langue swahili). Bouteilles de N'tay Class et Chui

L’introduction sur le marché des deux marques se fait suivant une formule marketing dont Bralima détient le secret. Ce grand battage marketing pourrait-il enfin classer les deux marques parmi les bières les plus demandées de la région ? Seul l’avenir nous donnera la réponse.  

Les éléments qui feraient la différence 

En plus des ingrédients basiques pour la fabrication d’une bière (malt, orge, houblon, eau, levure…), les bières Brasimba sont à base de maïs. Sa concurrente venue de Kinshasa préfère utiliser du riz. Des deux céréales, le maïs constitue l’aliment de base de toute la région. Les buveurs s’amusent à s’inventer des retroacronymes swahili sur le mot SIMBA (Lion). Le plus rependu est « Si Ili Miindi Baba Alitu atshiya » traduit par : c’est ce maïs que notre père nous a légué.  Dans l’imaginaire de ces consommateurs, la bière Simba des brasseries à la marque au lion paraît comme un bien patrimonial.  

Affiche promotionnelle de la bière Teke Teke

Dans la région, le mot « brasserie » est une antonomase qui s’identifie à Brasimba.  Ce solide ancrage lié à une longue période de monopole fait de la Brasimba un patrimoine régional dans l’imaginaire collectif. Peut-on y voir des éléments qui penchent en faveur de la Brasimba ? 

Quoi qu’il en soit, l’alcool reste à consommer avec modération.

 Ambiance dans un bar

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Commentaires

Laminou
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Le consommateur est toujours le premier gagnant de la concurrence Brasimba a vécu pendant très longtemps en situation de quasi monopole