Lubumbashi à l’heure des vaccins contre la Covid-19

Article : Lubumbashi à l’heure des vaccins contre la Covid-19
Crédit: Alexandre Mulongo
21 avril 2021

Lubumbashi à l’heure des vaccins contre la Covid-19

Une année est passée depuis le recensement du premier cas Covid-19 à Lubumbashi. La gestion de la crise sanitaire par les pouvoirs publics ne semble pas s’accorder avec l’opinion de la population congolaise. La campagne de vaccination lancée ce lundi 19 avril 2021 promet de rencontrer des difficultés dans son exécution.

 

Une gestion de la pandémie très critiquée 

C’est en février 2020 que la ville Lubumbashi découvre avec effroi la pandémie Covid-19 qui sévit en Chine et en Europe. Les autorités de la province du Haut-Katanga s’empressent de lancer une campagne de sensibilisation et des contrôles aux frontières. L’installation d’un laboratoire adéquat et des moyens d’analyses appropriés permettent de diagnostiquer la population. 

Le gouvernement décide de la fermeture des frontières nationales. Lubumbashi construit son centre d’accueil des cas décelés dans la population. La rumeur fait son chemin : les autorités sanitaires et politiques sont accusées de créer de faux malades de Covid-19 pour justifier les sommes dépensées par le programme de riposte. Un désaccord survient entre les statistiques provinciales et celles annoncées par les préposés à la lutte.

Les restaurants, les écoles, les églises et les boîtes de nuit sont fermés à leur tour mais les marchés fourmillent de personnes. Les mesures de distanciation physique et lavage des mains sont à peine respectés. Certains secteurs de l’économie crient à l’injustice, on reproche aux autorités de copier à l’aveuglette les mesures prises par les pays développés. Les responsables politiques au pouvoir se servent de la pandémie comme prétexte pour parler d’un éventuel report des élections attendues pour l’année 2023. Les réseaux sociaux apportent leur lot d’informations parfois peu crédibles qui amplifient le manque de confiance dans le chef de la population. 

Une campagne de vaccination controversée 

Après un report de plus d’un mois, la République démocratique du Congo lance sa campagne de vaccination contre la Covid-19. Le pays a reçu un million sept cent mille doses de vaccins AstraZeneca du dispositif Covax. Cette première étape met en priorité le personnel soignant et les travailleurs sociaux (1% de la population), les patients atteints des maladies chroniques (cas de comorbidité) et les personnes âgées de plus de 55 ans dans un pays où l’espérance de vie est de 49 ans.

Onze hôpitaux de la ville de Kinshasa (capitale) sont choisis pour accueillir les candidats au vaccin. Par la suite, la campagne s’étendra aux six provinces qui recensent le plus de cas. A Lubumbashi, l’équipe du programme national de riposte à la Covid-19 attend le signal des autorités sanitaires au niveau national. 

La population lushoise est très sceptique à l’idée de recevoir ce vaccin dont les effets secondaires peuvent être mortels. La méfiance est née de l’expérience des pays européens qui ont mis de côté le vaccin AstraZeneca pour avoir observé la formation des caillots chez certaines personnes vaccinées. Une faible adhésion de la population pourrait conduire à la perte de ces doses reçues gracieusement du dispositif Covax pour l’accès des pays pauvres au vaccin. L’Inde qui en est le principal producteur a fermé ses frontières à l’exportation du vaccin pour résoudre ses problèmes internes. Si la situation perdure, le pays serait en difficulté d’avoir des nouvelles doses.  A cela s’ajoute le défi logistique qu’impose la conservation des vaccins et l’accès difficile dans certaines zones.

Une opinion souhaite la diversification des vaccins. La RD Congo n’a pas les moyens financiers pour acquérir les vaccins en dehors du dispositif Covax quand on sait qu’une dose peut coûter jusqu’à 19 euros. Le budget annuel du pays peine à passer la barre des cinq milliards de dollars américains.  

La réussite de cette première campagne déterminera celle de la suite de l’opération pour un vaccin qui oblige plus de deux piqûres de rappel voire une vaccination annuelle.

Étiquettes
Partagez

Commentaires