Lubumbashi clôture le mois de la femme 2021

Article : Lubumbashi clôture le mois de la femme 2021
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6 avril 2021

Lubumbashi clôture le mois de la femme 2021

Chaque année, le mois de mars est consacré à la promotion des droits de la femme. Si les romantiques s’accordent à dire qu’elle est de Venus pendant que l’homme est de Mars, la vision est différente sur le calendrier grégorien. Les habitantes de la ville de Lubumbashi en font une période d’intenses activités.

Panneau publicitaire

Une célébration carnavalesque

La date du 8 mars reste le point d’orgue de la célébration du mois des droits des femmes à Lubumbashi. Cette année, un panneau géant bien visible reprend l’affiche « We can do it » adaptée à l’image de la femme congolaise en pagne qui prouve sa force en exhibant ses biceps, bras droit plié. Conçue par Howard Muller pour promouvoir le travail des femmes américaines dans les usines en remplacement des hommes partis au combat pendant la Seconde Guerre Mondiale, une banque congolaise s’en est inspirée pour valoriser la capacité des femmes lushoises à égaler les hommes.

Bien que le thème proposé cette année par l’ONU/FEMME soit « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 », les activités organisées dans les milieux professionnels et associatifs sont souvent hors de propos. L’ambiance dans la ville prend des allures de bal costumé en plein air. Toutes les femmes sont en pagnes, un cliché entretenu qui donne à penser qu’une femme dans cette tenue est plus respectable. La célébration dans des bars, boîtes de nuit et restaurants ouvre la voie à la libation et aux excès de tout genre sur financement des employeurs ou des associations de femmes. Les esprits machos ne tardent pas à se moquer de ces dames. Elles, qui n’auraient qu’une journée sur le calendrier pour se décharger du poids que la société impose à leur condition de femme.

Dans l’imaginaire collectif des lushois, le mois de mars et la journée du 8 mars appartiennent à un folklore mondial dédié à la femme, en mal de reconnaissance.

Un passage à côté de l’essentiel

Les fastes et loisirs de la célébration éclipsent les moments de réflexion qui ne sont pas suivis du grand public. Très peu d’émissions, de manifestations et d’organisations réunissent les femmes pour parler concrètement de leurs droits. Pourtant les sujets ne manquent pas dans la ville. Les viols, les harcèlements, les violences conjugales et les actes sexistes sont quotidiens. Le mutisme et la culpabilisation sont des facteurs qui empêchent l’éclosion des affaires au grand jour.

En général, les lois de protection ne sont pas suivies d’effet et l’image des droits de la femme est tordue. L’exemple du code de la famille qui reconnait à la femme le droit de trouver un emploi sans l’accord marital qui était requis montre les limites du champ d’application des lois. Conditionnée depuis l’enfance, la femme préfère sauver son couple que d’accepter la honte du divorce en cas de refus de son conjoint de valider son engagement professionnel.

Les considérations culturelles et traditionnelles de l’éducation ne permettent pas à la femme lushoise de participer activement à la résolution des questions sociétales. Un homme comparé à la femme reflète l’image de ce qu’il y a de plus mou et de moins cohérent. Seul un travail de fond dans les milieux urbains et ruraux pourrait changer la manière de concevoir la différence entre l’homme et la femme. Du reste, cette dernière ne porte pas d’handicap naturel.

Des modèles de réussite souvent mal vus

Dans le champ de bataille des genres, les femmes sont nombreuses à remporter des victoires. La ville compte des entrepreneures, des professeures, des cheffes d’entreprise, des femmes d’affaires, des artistes, des femmes politiques, des femmes de science qui se sont battues pour arriver au sommet et mener une carrière florissante. On en voit exercer des « métiers d’hommes », un sacrilège qui titille parfois la virilité. De ces femmes aux commandes, celles qui osent percer en politique se voient souvent finir en ministre de l’emploi et de la prévoyance sociale ou ministre du genre et de la famille. Tout de suite, elles sont renvoyées au rôle de « maman nationale », un prolongement à grande échelle des tâches qui leur seraient naturelles. Aux autres, on ne reconnait aucun mérite. Elles seraient arrivées où elles en sont par piston ou par largesse d’un mentor bénéficiaire des faveurs sexuelles. Ce refus d’accepter les capacités des femmes est renforcé par le choix de ne voir que ce qu’il y a de réprimandable.

Dans ce cas, l’adversaire n’est pas l’homme. Les clichés véhiculés par des idées préconçues et reçues sont à combattre chaque jour de l’année dans les communautés jusqu’au niveau des hautes sphères de l’Etat. Dans la lutte pour la promotion des droits des femmes se trouve des hommes qui apportent leurs soutiens à la cause, preuve que l’ennemi n’est pas celui qu’on imagine.

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