Les automobilistes lushois à l’épreuve du test PCR

Article : Les automobilistes lushois à l’épreuve du test PCR
Crédit: Alexandre Mulongo
23 avril 2021

Les automobilistes lushois à l’épreuve du test PCR

En cette période de pandémie de Covid-19, la population mondiale est soumise à trois grands tests. Les experts s’accordent à dire que le test PCR (Polymerase Chain Reaction) est le plus fiable. Pour un automobiliste lushois, le sigle PCR prend une tout autre signification. Rencontrer un « PCR » sur la route assurerait une suite effroyable à la journée.

La hantise des automobilistes

Rouler sur les routes de Lubumbashi est un sport difficile pour les automobilistes. Cela équivaut à une course aux obstacles. Les agents de la PCR (Police de Circulation Routière) sont déployés sur les grandes artères de la ville juste après les dos d’âne. Ils se définissent comme un « service générateur des recettes ».

Herses en main, ils sont prêts à crever les roues d’un automobiliste coupable de « refus d’obtempérer ». Les documents de bord inspectés (carte rose, vignette, assurance, permis…), la plus petite faille est recherchée en vue de conduire le véhicule au poste ou à la fourrière selon l’attitude de la personne au volant. Dans un pays où la population paie difficilement les impôts et taxes par manque de confiance, les conducteurs sont peu nombreux à avoir les documents au complet. De l’interpellation sur l’asphalte commence un long entretien dont l’aboutissement dépendra de l’entente des protagonistes.

La route ou le bureau ?

Dans le milieu des automobilistes, il est conseillé de traiter le problème « à l’amiable » sur la route. Aller au bureau (poste de police) signifie s’attirer la curiosité et la gourmandise des supérieurs. L’agent en route qui compte souvent sur la naïveté du conducteur peut exiger un montant de « corruption routière » supérieur à l’amende fixée par l’Etat. Les chauffeurs de taxi sont soumis aux « rapports », des petites sommes d’argent qu’ils donnent de manière systématique aux agents en poste aux parkings et stations de bus.

Un fois au bureau, les infractions sont énumérées par les agents qui ont escorté l’automobiliste fautif. Sur base de la grille tarifaire, la somme due à l’Etat est fixée pour un paiement à la banque. Un agent des impôts (DGRAD) est chargé de délivrer une note de perception mais la contravention n’est pas tout de suite établie. Sachant que l’automobiliste sera peu enclin à payer la totalité de la somme, les agents se lancent dans une négociation digne d’une vente des actions par un trader. A l’instant, tous sortent du cadre légal pour un bénéfice illicite et privé. Le véhicule autorisé à partir après corruption, l’automobiliste doit encore de l’argent à la fourrière.

Il arrive que les agents de terrain tombent sur un « mauvais véhicule ». Le conducteur a de l’influence ou connait un supérieur de la police, un simple coup de fil suffit pour les forcer à dégager le passage. Dans ce cas, le contrôle à la marque et au modèle prend toute son importance. Une vieille guimbarde ou une berline moyenne seront plus en danger qu’une grosse cylindrée. Le conducteur d’une voiture de luxe est gratifié d’un salut militaire. Les agents font appel à sa charité sourire aux lèvres.

Chaque policier envoyé sur la route est tenu à réaliser une recette bien déterminée pour son supérieur en plus de sa part. Le défi est une véritable course contre la montre de peur d’être placé sur une route déserte en guise de punition. Le métier connait des risques quand les agents s’attaquent aux conducteurs par des méthodes violentes.

La Police de Circulation Routière (PCR) est devenue une unité pléthorique, on y entre dans le but de se faire de l’argent sur le bitume.

Un métier sans estime

Comme tous les fonctionnaires de l’Etat congolais, les agents de la PCR sont mal rémunérés. Les « tracasseries » routières sont des méthodes qui rapportent de quoi survivre. De l’avis de la population des villes, ce métier est une honte. Leurs pratiques sont plus exposées que celles des autres collègues corrompus à l’ombre des regards indiscrets.

Le manque d’équipements est un des aspects qui conduit les agents à un contact permanent avec les automobilistes. Les radars, les cinomètres, les éthylotests et le prélévement automatique des plaques d’immatriculation en cas de délit de fuite ou refus d’optempérer permettront aux agents d’utiliser des méthodes moins violentes. Il est difficile d’identifier les véhicules par leur plaque, aucune base de données n’est constituée par l’administration chargée d’octroyer les plaques d’immatriculation et les vignettes.

La corruption routière a de beaux jours devant elle tant les automobilistes n’acceptent pas de régulariser avec l’administration. Le mauvais traitement des agents par leur employeur est de nature à favoriser la fraude et le vol.

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