Lubumbashi : Kenya, de zone rouge en commune marchande
La commune Kenya est l’une des sept divisions administratives de la ville de Lubumbashi. Sa réputation sulfureuse de commune rouge s’évanouie au fil des années. Le siège des troubles politiques s’est transformé en commune marchande, une métamorphose portée par l’effort de ses habitants.
Une naissance anarchique
La commune Kenya est née dans les années 1930 au sud de la ville de Lubumbashi. Le colonisateur l’a voulue comme une extension de la commune Albert, agglomération de l’élite noire. Elle serait peuplée par les militaires de la Force Publique qui ont participé à la Campagne d’Afrique de l’Est lors de la Seconde Guerre mondiale. Son nom ferait référence au Kenya, l’un des pays qui a été le théâtre d’un des plus grands conflits armés de l’humanité.
Au début, elle s’appelait « nyanshi », mot swahili qui signifie « paille », « chaume ». On y comptait plusieurs chaumières. D’après certains témoignages, elles prenaient feu quand les locomotives thermiques passaient au milieu des habitations rustiques. Cette commune pauvre et malfamée était devenue le siège de toutes les contestations politiques durant le XXe siècle sous le règne dictatorial du président Mobutu. Vite, elle a gagné sa réputation de « zone rouge ». A l’époque, les divisions administratives des villes s’appelaient « zones ».
La poudrière de Lubumbashi explosait à chaque manifestation politique contre le régime autocratique. Les basfonds de son quartier Brondo a longtemps abrité le grand banditisme de la ville. Cache d’armes à feu, criminalité, milices politiques, vol et escroquerie ont été la caractéristique de la Kenya parfois appelée Nyatta. Par aphérèse, serait-il un clin d’œil à (Jomo) Kenyatta, le premier président du Kenya indépendant ?
La vengeance des « Kenyans »
Les marchés Kenya et Commune se sont imposés à l’échelle de la ville. La plus grande friperie de Lubumbashi s’y trouve, on y vend des chaussures et des habits de bonne qualité à des prix modérés. Commune s’est spécialisé dans l’alimentation : les produits maraîchers frais ou ceux importés de Zambie sont vendus à des prix abordables, au point de voir des revendeurs d’autres communes s’y approvisionner tous les matins.
Le stade Kibasa Maliba, le plus grand de la ville, est une autre importante attraction de la Kenya. Les matchs de football des championnats nationaux et internationaux s’y jouent non loin de la basilique Sainte Marie.
Les habitants se sont investis dans le commerce en important des vêtements bas de gamme pour leurs boutiques et étals. Les bas prix à qualité égale poussent les acheteurs à choisir le marché Kenya plutôt que les magasins du centre-ville. Les bénéfices engrangés par les fils et filles de cette commune leur a permis d’investir dans l’immobilier. Des restaurants, des hôtels et des appartements ont vu le jour sur le sol de la Kenya. Le visage de la sulfureuse commune a subi un lifting qui rend son image agréable.
La commune Kenya est devenue un important centre commercial qui n’inspire plus la crainte.
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